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Savoir représenter le végétal est une nécessité illogique mais pas déraisonnable

Bruno Gadrat - février 2000 - rev 10/07/2000
Proposition de communication pour CELA 2000 version avant réduction
gadrat/articles/2000/20000215-rep-vgtl-illo.html
english version 20000215en-rep-vgtl-illo.html

Le jardin est la représentation du monde tel qu'il devrait être, sa porté symbolique de paradis n'est pas remise en cause. Le végétal du jardin participe de cette représentation. Pourtant les clients des architectes paysagistes demandent à celui-ci de savoir représenter le végétal pour leur confier leur projet d'aménagement. De nombreuses professions représentent le végétal, et sont bien incapables de l'utiliser en tant que représentation. Demande-t-on à un peintre de savoir peindre de la peinture avant de lui confier la réalisation d'une toile ? Il n'existe pas de relation logique entre cette nécessité de savoir représenter le végétal et la capacité à créer un jardin avec du végétal. L'exploration des méthodes d'apprentissages des représentations(1) par le plus grand nombre, des paradigmes horticoles et de l'insuffisance de communication de notre savoir-faire auprès d'un large public nous ouvrent des pistes de compréhension de la génération de cette demande. Faut-il savoir représenter le végétal ? la logique nous dit non. Pourtant, la faiblesse de représentation du végétal semble à l'origine des problèmes rencontrés dans les divers aménagements végétaux de la deuxième moitié du 20ème siècle(2). La pauvreté des représentations du végétal s'est transposée directement sur le choix restreint d'espèces qui deviennent significatifs des diverses décennies. Le manque d'attention à l'individu et en particulier l'oubli de son système racinaire a conduit à des plantations très peu durable(3). L'acceptation du paradigme économique par l'ensemble de la société et relayée par les horticulteurs et les architectes paysagistes, conduit à un appauvrissement des plantations qui deviennent misérables. La prise de conscience écologique(4) des années 70 n'a pas su venir à bout des pollutions liées aux pesticides alors que la relation de cause à effet était fort simple à montrer. Pourtant, les implications sur le regard porté à la nature commencent néanmoins à se faire sentir. Le souci de développement durable qui anime les responsables des grandes municipalités du Québec se traduit par des actions clairement énoncées qui porteront leurs fruits à moyen terme(5), quand les nouvelles plantations prendront un développement visiblement supérieur à celles actuellement existantes. Les possibilités de développement racinaire et la diversité des espèces sont aujourd'hui énoncées comme les principales issues pour la survie des plantations urbaines. D'autres signes montrent en revanche que ces objectifs ne sont pas partagés par l'ensemble des intervenants. La tendance des sélections horticoles et forestières se dirige vers une réduction de la diversité génétique des populations. Le seuil de 5 à 10% d'une même espèce pour un territoire donné(6) qui permet une grande stabilité dans le temps, conduit à une déperdition de la variabilité de la forme végétale et en conséquence du jardin. Le rétablissement de l'existence du végétal dans le jardin ne peut pas conduire par déduction à une production d'effets sensibles et signifiants par les plantations. L'absence de maîtrise de la viabilité des plantations conduit toutefois à une impossibilité matérielle de produire la représentation par le végétal. La demande d'un regard attentif sur les plantes est donc parfaitement raisonnable. N'en déduisons pas qu'il conduit logiquement à produire un jardin avec des plantes. Il reste encore la moitié du chemin à parcourir et à faire connaître à nos clients.


Notes Bibliographiques


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