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Voir les plantes autant que les savoir

Forêt durable en Montérégie

Forêt et paysage

La consultation sur la forêt durable au Québec nécessite que chacun y participe. C'est très important pour notre avenir et celui de nos enfants.

Paysage et forêt en Montérégie

Paysage et forêt en Montérégie

Contexte

2010 un tournant dans la forêt au Québec

2010 marque un tournant dans la gestion forestière au Québec. C'est du moins ce que la consultation sur l'aménagement durable des forêts devrait permettre. C'est l'occasion de faire prendre en compte le paysage dans la stratégie et les règlements du nouveau régime forestier qui découle de la mise en œuvre de la loi sur le développement durable de la forêt au Québec. Étant donné que la consultation se fait pour tous groupes d'intérêts confondus en même temps, il y a lieu de bien saisir les caractéristiques permettant à une forêt d'exister dans le paysage. Ces critères doivent pouvoir être pris en compte au même titre que les critères de foresterie, d'écologie ou des pratiques des Premières Nations.

Existence de la forêt dans le paysage

Limite du problème

Pour pouvoir être inclus dans la stratégie et les règlements, des critères de reconnaissance et d'existence dans le paysage doivent être simples. Ils concernent la population en général. Ils sont à distinguer de ceux utiles dans des domaines de connaissance savante, professionnelle ou des cultures particulières. Les critères énoncés ici correspondent à des forêts comme celle qu'on peut trouver en Montérégie.

Trois mesures pour que la forêt existe

Âgée, sauvage et vaste

Les trois nombres à retenir pour garantir la présence physique de la forêt sont:

Un maximum d'exploitation de 1% de sa surface pour son âge.

Une couverture de 1/3 de la surface du territoire pour sa pérennité.

Une largeur minimale d'un kilomètre pour sa diversité.

Ces trois mesures permettent de garantir la possibilité de paysages avec forêt. Elles ne sont toutefois pas suffisantes pour garantir que cette forêt sera effectivement reconnue ou appréciée dans le paysage.

Ces trois caractéristiques permettent de tracer par un règlement simple la limite minimale d'existence la forêt dans le paysage. En dessous de ces critères, on peut avoir un bois, mais pas une forêt.

Acceptabilité comme forêt dans le paysage

Le vocabulaire usuel comme base d'identification

Un rapide rappel des critères d'évaluation des arbres et des principales formes de groupes d'arbres dans le vocabulaire ordinaire est nécessaire pour situer le seuil d'existence de la forêt comme élément du paysage. 

La forêt est une qualité. La forêt existe ou n'existe pas. Ce basculement entre l'existance et le néan est la conséquence du fait qu'elle soit reconnue ou non. 

On retrouvera la définition de la forêt dans n'importe quel dictionnaire. Au-delà de la définition, ce sont les critères d'identification qui nous intéressent. Ils sont donnés ici avec une indication de prise en compte dans le paysage. 

Les particularités de la culture québécoise et de la Montérégie sont importantes à bien saisir. La grande dimension du territoire et l'esprit de conquète y sont peut-être pour quelque chose. 

Au Québec, tous les gros arbres ont été coupés pour en faire des mâts de navire ou des charpentes. Les forêts anciennes y sont rares. En Montérégie c'est encore plus net qu'ailleurs. Située au sud du québec, la forêt en Montérégie est feuillue et ressemble à celle qui a forgé le vocabulaire usuel avec des arbres qui grossissent en moyenne d'environ 1 centimètre de diamètre par an. On est loin de la forêt Boréale avec ses arbres qui poussent trois fois plus lentement.

Le vocabulaire usuel

Passer du mot forêt à des mesures

La règlementation s'appuie sur des musures faciles à prendre

Un maximum d'exploitation de 1% de sa surface

Le calcul du maximum d'exploitation de 1% est basé sur la possibilité d'exploiter un arbre centenaire par hectare et par an. Il est fondé sur la superficie moyenne de 100 mètres carrés nécessaire à l'obtention d'un arbre adulte. 100 unités de 100 m.ca occupent 10 000 m.ca (1 hectare)

Une couverture de 1/3 de la surface du territoire

La préservation de 1/3 de la surface du territoire pour la forêt est une mesure empirique qui émerge des études sur la biodiversité. Il semble que ce soit le seuil minimal à partir duquel on perd de la biodiversité. Cette biodiversité maximale est celle qui permet la présence des grands prédateurs et la crainte raisonnable de s'aventurer en forêt sans y être initié. Au dela de cette préservation d'un paysage pour les touristes, c'est une nécessité pour la préservation de la forêt mais aussi des arbres hors forêt. L'absence de diversité est une des causes des disparitions accélérées des espèces d'arbres ces dernières années orme, hêtre, caryer, bouleau, saule, peuplier, frêne sont des espèces fragilisées par l'absence de lieux de régénération et de diversification de leur patrimoine génétique. Cela pose un problème pour la conservation du bois mais aussi pour la plantation d'arbres isolés ou en alignement dans les villes.

Une largeur minimale d'un kilomètre

La largeur minimale de 1 kilomètre est également une mesure empirique. Les relevés de pénétrations de la population dans les massifs forestiers laisseraient supposer qu'il faut une largeur plus grande. La nature de ce qui est de l'autre côté a une forte incidence. Les relevés de passages des prédateurs laissent penser qu'il peuvent s'accommoder de corridors de cette largeur faisant la liaison entre des territoires plus vastes. 

Variations culturelles

La forêt n'existe pas dans tous les paysages possibles à voir dans un même lieu

Les particularités des cultures changent la reconnaissance des éléments de base des paysages en les sur-évaluant ou en les sous-évaluant.

Le portrait de la relation des Québécois à la forêt P9 (17/144) du cahier de consultation sur la forêt durable est à la fois réaliste et inquiétant. Pour résumer rapidement : Les québécois voient dans la forêt un patrimoine procurant des biens et des services ou bien y voient un espace de proximité pour leur loisir et leur bien-être.
Autrement dit, pour les québécois la forêt est considérée comme un bois avec toute les conséquences liées à cet usage. Le vocabulaire récent de forêt urbaine va encore plus loin en l'assimilant à des bosquets, des bouquets et même des arbres isolés.

Si la forêt n'existe pas dans le paysage des Québécois, cela ne veut pas dire que la forêt n'existe pas comme réalité physique de leur territoire. Les cultures des touristes ou de certains groupes sociaux habitant au Québec peuvent reconnaître des forêts comme élément de leurs paysages. 

Cela posent néanmoins un défi de taille. Les moyens de préservation des forêts au Québec risquent de rater leur cible. On risque de détruire la forêt en pensant la préserver. En appliquant des critères d'identification de bois et d'usage comme bois, on finit par transformer la forêt en bois.

Les producteurs forestier sont des intiés de la forêt. Il en on donc une vision particulière. la tradition d'exploitant  du bois leur fait reconnaître des formes forestières dans des peuplements plantés ou entretenus selons certains critères. Ces formes sont peu ou pas reconnues par le reste de la population. Elle ne peuvent pas être identifiées comme bois ou comme forêt. Elles sont perçues comme des activités industrielles. Les formes facilement identifiables par la population, par exemple les coupes à blanc, sont perçues négativement, essentiellement parce qu'elles interdisent d'autres usages comme la chasse ou mènent à une dégradation de l'environnement.


Préservation du bois dans le paysage

Quels critères ?

Il faut préserver le bois et la forêt sans tenir compte de leur valeur paysagère pour préserver leur réalité et leur potentiel de paysage.

Il faut aussi y travailler en tenant compte de leur valeur paysagère pour préserver le présent et l'avenir. Sinon, tout le monde est perdant. Les forestiers, les environnementalistes, les touristes, les Québécois et autres groupes sociaux qui vivent ou apprécient ce territoire recouvert d'arbres.

Les critères pour préserver le bois sont à peu près les mêmes que ceux pour préserver la forêt, mais plus contraignants pour un bénéfice moins grand. La principale différence est de devoir préserver des espaces de forêt vierge pour garantir la survie du bois.

Les quatre nombres à retenir pour garantir la présence physique du bois sont:

Un maximum d'exploitation de 5% de sa surface pour son âge.

Une couverture en bois de 2/9 de la surface du territoire

Une couverture en forêt interdite à toute fréquentation de 1/9 de la surface du territoire

Ces deux couvertures sont nécessairement distinctes et indispensables pour la pérennité du bois.

Une largeur minimale de cent cinquante mètres pour son opacité.

Passer du mot bois à des mesures

Il ne suffit pas de mesurer le bois, il faut aussi mesurer son contexte de dépendance

Un maximum d'exploitation de 5% de sa surface

Le maximum d'exloitation de 5% correspond à des arbres de 20 ans. En dessous, le bois n'est plus reconnu. Il n'y a que de la friche. Les utilisations n'existent plus non plus. Plus personne n'utilise des perches ou des fagots.

Les formes de cultures industrielles d'arbres comme par exemple les peupleraies ne sont pas reconnues comme des bois. Ces surfaces doivent donc être sorties du calcul.

Une couverture en bois de 2/9 de la surface du territoire

La proportion de surfaces couverte d'arbres par rapport au territoire total est identique à celle citée pour la forêt en se basant sur la même mesure empirique. La documentation manque pour garantir que ce nombre est un minimum.

En fait il s'agit bien du même 1/3 de la surface du territoire cité pour la forêt. Cependant il faut lui enlever la surface de vielle forêt dont son existence dépend. 

Une couverture en forêt interdite à toute fréquentation de 1/9 de la surface du territoire

Les études en Abitibi tendent cependant à montrer que la préservation d'un tiers de la surface en vielle forêt est indispensable à la survie de l'ensemble du massif forestier. 

1/3 de surface en bois divisé par 1/3 est égal à 1/9 de surface nécessaire en vielle forêt pour préserver le bois.

1/3 de surface avec des arbres moins 1/9 de vielle foret, il reste bien 2/9 de surface disponible pour le bois.

La documentation manque pour garantir que ces surfaces soient des minimums.

La perte de diversité biologique en Montérégie est claire, malgré une proportion en 2010 de 31% soit très légèrement en dessous du tiers de sa surface. 

La mauvaise répartition dans le territoire est une des variable essentielle qui n'est pas prise en compte par une simple proportion. La mesure de surface ne doit donc pas s'évaluer à l'échelle de la Montérégie mais à l'échelle de chaque municipalité. 

Les études pour chaque espèce menacée devront apporter des correctifs à cette première approximation au tiers de la surface.


Mise en perspective

Arbre, bois ou forêt

Étant donné que pour protéger le bois, il faut aussi protéger la forêt, la mise en place d'un régime spécifique pour le bois augmente le niveau de complexité de la règlementation. Il n'y a cependant pas moyen d'y échapper car la vision Québécoise des surfaces couvertes d'arbres correspond à son usage comme bois.

Le besoin en planches et poutres de petite dimension peut aussi être comblé par l'entretien de la forêt. Les coupes d'éclaircies peuvent avoir cet usage.

La productivité en masse ligneuse de la forêt Montérégienne ne pourra jamais rivaliser avec d'autres contrées au climat plus propice. 

Le nouveau régime forestier propose une gestion écosystémique de la forêt. Cette connaissance manque en Montérégie pour cause de déforestation dans ses parties les plus urbaines et de coupe d'éradication des grands arbres dans le reste du territoire forestier. L'application d'une connaisance d'un territoire différent n'aurait aucun sens. L'idée peut avoir un certain avenir si on inclus la présence humaine dans l'écosystème. La question des ravageurs, des auxilliaires, des conditions du milieu, des cycles de régénérations et autres concepts prennent alors de nouvelles valeurs.

Les qualités d'un bois qui pousse moyennement vite et les besoins du marché de proximité semblent des critères relativement stables pour orienter une productions durable.

SADF et RADF

Stratégie (Règlement) d'Aménagement Durable des Forêts

La stratégie et le règlement d'aménagement durable des forêts font suite à de nombreuses autres étapes dans l'essai de gestion acceptables des forêts Québécoises.

Le besoin d'une stratégie et de règlements pour un aménagement durable des forêts sont-ils encore nécessaires après tout celà ? Il semble que oui car la forêt régresse en Montérégie. Ces nouveaux éléments seront toutefois insuffisant s'il ne permettent pas de rembourser le déficit de surface forestière.

Peut-on craindre que ce ne soit pas totalement efficace ? Il semble également que oui. Le simple titre du document de 1994 " Une stratégie — Aménager pour mieux protéger les forêts" relève clairement de l'arnaque intellectuelle.

La multiplication des sigles et leur répartition est un autre indice d'inquiétude. On trouvera leurs significations dans SADF-proposition.pdf page 83.

La volonté de faire participer les différents acteurs du milieu se heurte de plein fouet à l'incompréhensible et au doute sur le rôle que chacun peut bien y jouer.

On peut aussi s'interroger en regardant le tableau résumé de la stratégie d'aménagement durable des forêts

Les défis semblent bien représenter les divers groupes d'intérêts. Les orientations semblent louables et cohérentes avec les enjeux des divers groupes d'intérêts. 

Les objectifs laissent une impression désagréable. Ce sont des objectifs de moyens et non pas des objectifs de résultat. Cela signifie plus de travail et donc des coûts de production accrus ou des impossibilités de se mettre à niveau pour les plus petites structures. Cela signifie également plus d'études et plus de temps de concertation. Là encore des coûts et du temps investi.

Par exemple:

Et alors ? Il n'y a aucune obligation ni exigence sur comment ce sera pris en compte, ni si ces objectifs des populations seront visés, ni si leurs valeurs seront respectées et rien sur le comblement des attentes. Écouter c'est déjà mieux que de ne pas écouter, mais s'il n'y a pas d'obligation de prise en compte, cela n'aura pas d'efficacité.

Le détail des explications dans le document n'est pas plus réjouissant:

La prise en compte des valeurs et des besoins de la population, ainsi que des savoirs traditionnels autochtones, dans les choix de gestion et d'aménagement forestiers représente l'essence même du critère 6 de l'aménagement durable des forêts. La mise en œuvre de ce critère n'est cependant possible que si ces valeurs, besoins, attentes et savoirs sont connus. La participation publique, sous forme de consultations ou de tables de concertation, par exemple, concourt grandement à la connaissance de ces éléments. Cependant, l'ensemble de la population n'est pas nécessairement en mesure de s'exprimer par ces moyens. De plus, différents sondages et études démontrent que les valeurs et les attitudes de la société relativement à l'aménagement forestier changent depuis quelques années. Le Ministère entend donc enrichir ses connaissances sur les valeurs, les besoins et les attentes de la société ainsi que sur les savoirs locaux et autochtones et en suivre l'évolution.

En première lecture on ne parle pas d,améliorer la participation autochtone mais de mieux renseigner le ministère.

En faisant une lecture un peu plus attentive, le critère 6 de l'aménagement durable des forêts est: désolé ce n'est pas précisé dans le document de consultation sur la Stratégie d'aménagement durable des forêts, mais tout le monde connaît le critère 6. J'ai probablement mal cherché mais ce n'est pas non plus dans la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier, ni dans la Loi sur le développement durable. Où avais-je la tête, il suffisait d'aller voir dans "Les critères et les indicateurs de l'aménagement durable des forêts (ADF)" établis dans par le ministère des ressources naturelles et de la Faune (MRNF) en s'inspirant de ceux établis par le Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF).

Le critère 6 est : "la prise en compte, dans les choix de développement, des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées."

En quoi l'écoute des populations garanti la prise en compte de ce qu'ils disent.

Qu'est-ce que ces concertations devront produire ? Comment ces éléments devront-t-ils s'intégrer dans les documents contractuels d'aménagement ? Comment ces éléments devront-t-ils être utilisés dans les procédures des organismes de contrôle. Quels vont-être les moyens de contrôle mis en place ? Ce ne sont que quelques questions pour essayer de répondre à la fonction de base d'une stratégie Comment va-t-on s'y prendre ?

En y regardant avec encore plus de recul, ces questions permettent de préciser la gestion durable de la forêt. Il est tout aussi important de poser les questions relatives à la durabilité de la forêt. Car il ne servirait à rien de gérer quelque chose qui n'existe pas.

Quelques références

Pour comprendre l'évolution des paysages, il faut explorer le réel et l'imaginaire

Bruno Gadrat Design Végétal: Maîtrise d'œuvre des jardins et des paysages

Bruno Gadrat

Orig: 2010/12 Rev: 2011/03/22

foret-durable.html

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