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La notion de paysage en temps de récession

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Bruno Gadrat - 15 mars 1996 - bulletin AAPQ

Réfléchir au paysage en temps de récession, est-ce bien raisonnable? a-t-on le choix? le paysage n'est-il pas là pour aider à réfléchir à ce qu'est la récession et comment nous pouvons nous sortir du problème? Autant dire que le débat qui s'amorce risque d'être difficile à mener.

Pour faire plus simple devant la pression des questions qui jaillissent à l'énoncé du titre du débat essayons au moins de prendre la première des questions préliminaires, peut-être que le thème du débat sera plus simple. Y-a-t-il un lien entre une définition actualisée et évolutive du paysage et le niveau de compétitivité de notre profession ?

Supporter la concurrence des autres professions suppose que nous ayons la même clientèle et qu'elle soit amenée à choisir entre un architecte paysagiste et un autre professionnel de l'aménagement qui résolve son problème de paysage.

Si notre client sait ce que c'est qu'un problème de paysage, mais nous y reviendrons, alors OUI, sans aucun doute, une définition précise, actuelle, sans être figée, identique entre notre client et nous est la condition indispensable pour répondre correctement à la demande du marché et éviter une crise économique.

Mais il y a dans cette affirmation le présupposé que notre client sait ce que c'est que le paysage (et quand il pose problème). Quand nous voyons le mal que nous nous donnons pour faire comprendre à nos étudiants ce que c'est, il est vrai dans toute sa richesse et ses développements, quand nous employons le mot paysage pour recouvrir des actions à différentes échelles ou pour englober entre autres des notions de jardin et de territoire, alors oui, il y a à craindre que n'étant pas parfaitement au clair avec nos idées, nos clients puissent être perdus et se retournent vers d'autres professionnels. La réflexion sur cette thématique large doit donc être partagée pour qu'elle ne reste pas le lot de quelques uns. C'est l'un des objets de ce débat, c'est aussi le rôle de la formation continue, des colloques... A la réflexion doit s'ajouter le partage, partage des concepts entre professionnels mais aussi partage entre professionnels et clients.

Petit test juste pour le plaisir, demandez à votre voisin sans le prévenir: C'est quoi le paysage? notez le nombre de secondes qu'il met à vous répondre, notez s'il vous répond par une phrase simple du genre "C'est une étendue de pays qui présente une vue d'ensemble" ou "C'est ce que je vois de ma fenêtre en me levant le matin" ou bien s'il entreprend une réponse qui alimentera sans problème la conversation de la soirée. Question subsidiaire: Ça fait quoi un architecte paysagiste?

Nous n'avons pas le choix, il nous faut la capacité d'exprimer simplement ce que nous faisons, à quels problèmes nous répondons, si nous apportons la même réponse à un problème qui ne cesse de changer de contexte etc. Il faut continuer de réfléchir pour ce que l'on conçoive bien puisse s'énoncer clairement et il ne faut pas espérer que notre réflexion puisse être définitive, le monde bouge trop vite autour de nous.

La première question préalable me renvoie la certitude de devoir encore et toujours réfléchir sur des éléments de base de notre métier. Mais j'ai en poche la définition du mot jardin qui fait aussi parti du métier et qui me dit que c'est lui le lieu du débat. C'est dans le jardin que j'exprime ma vision du monde. Est-ce que je suis capable de voir un monde sans crise économique ? C'est mon jardin qui le dira.

Bruno GADRAT


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