Les lacs remplis d'algues bleues toxiques, ont fait focaliser le regard des citoyens et des autorités publiques sur la qualité de l'eau. Les algues bleues ont fait oublier de regarder la rivière ou le lac comme une partie du paysage. L'amélioration visible et mesurable de la qualité de l'eau redonne la possibilité d'élargir le regard à l'étendue de pays (paysage).
Bandes riveraines au Québec, une solution les yeux fermés
Vers un paysage environnemental
Le regard est focalisé sur une solution au problème de l'excès de phosphore dans les rivières et les lacs qui provoquent une explosion des algues bleues dans les plans d'eau.
Le principe de la règle édictée par le ministère est simple: protéger les bandes riveraines pour protéger l'eau de la rivière.
Le message paraît toujours un peu compliqué dans les documents d'un ministère mais en réalité il est facilement compréhensible en quelques questions et réponses.
Est-ce que j'ai une bande riveraine ?
Si vous voyez une surface d'eau chez vous, vous avez une bande riveraine.
Elle est où ?
Selon la politique de protection des rives (http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/rives/index.htm) 10 mètres à partir de la ligne des hautes eaux si c'est avec une petite pente, 15 mètres si c'est un talus. La ligne des hautes eaux est notée sur le certificat de localisation de la propriété s'il est récent. Elle est déterminée par un botaniste qui travaille pour le géomètre qui fait le certificat. Vous pouvez prendre plus large pour avoir de beaux arbres.
C'est sur ma propriété. Alors est-ce que je peux faire ce que je veux dans la bande rivraine ?
Non, dans la bande riveraine vous avez juste le droit de ne rien faire.
Rien ? Vraiment rien ?
Rien d'autre que ce que la nature serait capable de faire toute seule. La nature ne sait pas tondre le gazon alors c'est interdit. Certaines plantes sauvages poussent au bord de l'eau, alors ce sont uniquement ces plantes que vous pouvez planter.
Est-ce que j'ai le droit d'accéder au bord de l'eau ?
Oui vous avez le droit de conserver une fenêtre pour accéder à l'eau en coupant la végétation sur 5 mètres de large maximum. S'il y a un talus vous avez le droit de construire un escalier. Vous avez aussi le droit d'avoir un ponton. Pour les constructions il faut demander un permis à la municipalité. Il y a des précautions à prendre pour ne pas mettre de terre dans l'eau. Intervention la plus légère possible et barrières anti-sédiments sont la règle de base.
Si j'ai envie d'aménager plus dans la bande riveraine ?
Vous n'avez pas le droit.
Si la berge s'érode ou qu'un mur qui était déjà là doit être réparé ?
Vous devez demander une autorisation à la municipalité en lui présentant des plans et des précautions pour les travaux qui satisfassent les exigences du ministère de l'environnement. Il faut faire appel à un bureau d'étude avec des professionnels. Ne commencez pas les travaux avant d'avoir obtenu toutes les autorisations. Prenez le temps de planifier soigneusement, vous gagnerez du temps dans les démarches administratives et les travaux.
Bon, laisser pousser et planter des plantes sauvages, mais on les prend où les plantes sauvages ?
Pas dans la nature. Il y a des pépinières spécialisées et l'offre augmente régulièrement dans toutes les pépinières.
Comment je fais pour planter ?
Le but est de ne pas voir la terre pour qu'elle ne parte pas dans l'eau. Pas de labour, bêchage, trou ou apport de terre en surface. Faites des semis de vivaces d'arbres et d'arbustes directement dans l'herbe. Choisissez des plantes à transplanter en petits pots et faites juste les trous qu'il faut pour les insérer dans le sol. Plantez après la période des innondations.
Conséquences paysagères
Un règlement ou une loi c'est souvent très efficace
La politique de protection des bandes riveraines va entraîner une fermeture presque totale des vues sur les rivières et les lacs. On les devinera au loin par un alignement d'arbres et de près on les découvrira par les fenêtres de cinq mètres des accès à l'eau. C'est-à-dire à peu près tout le contraire du paysage actuel qui laisse largement voir l'eau d'assez loin. Issu d'une façon de vivre au pays lié à la circulation par les rivières et d'une volonté de colonisation du territoire qui ont disparus, le paysage va se reformer sur d'autres objectifs de maîtrise du territoire.
Est-ce que ce nouveau regard est juste une mode, une expression momentanée d'une situation insupportable ou la matérialisation d'un regard esthétique à long terme ?
Y aurait-il d'autres façons de faire pour préserver à la fois les paysages passés, les impératifs environnementaux actuels et les paysages futurs ?
ET PAYSAGE
