PHRAGMITES COMMUNIS Trin.

- roseau commun -

Plante à fleurs cosmopolite par excellence, cette graminée peuple les eaux douces ou saumâtres. On la retrouve de la Finlande à la jungle équatoriale, en passant par les plaines et les montagnes du Tibet. Aux Etats-Unis on la nomme Phragmites australis, en raison de sa présence dans les deux hémisphères et de ses percées, davantage timides, en régions tropicales. En fait, seules la Nouvelle-Zélande et la Polynésie ne la comptent pas dans leur flore indigène.

Elle est la plus haute de nos herbes indigènes (long. 1-5 m.). Ses feuilles - peu nombreuses - sont linéaires, larges et planes (larg. 1-5 cm.), d'un vert moyen à jaunâtre. Son inflorescence est constituée d'épillets pluriflores munis de longs poils soyeux (long. 15-30 cm.). Sa couleur est délicate, rosée ou violacée, tournant au roux à l'automne (flor. août-octobre). Lorsque ses graines se détachent des épillets fécondés, sa grande panicule terminale devient plumeuse. Cette parure persiste alors tout l'hiver au sommet des chaumes blanchis.

En Europe, où elle est très abon- dante, elle est traditionnellement utilisée à des fins domestiques: couverture des cabanes (tiges), fabrication de balais d'appartement (inflorescences), confec- tion de paillassons. Elle sert également à la fabrication d'emballages et de bière brune.

Elle se propage par un système de rhizomes articulés et traçants. Bien qu'elle puisse former de mini-jungles impénétrables, elle est, au Québec, plutôt clairsemée. On la rencontre en petites colonies dans les marais et sur les rivages. La façon dont les inflorescen- ces regroupées flottent synchronisées au vent, est quasi hypnotisante. Le charme de sa réflexion dans l'eau en fait également une graminée incontournable.

Les agronomes québécois la classent parmi les mauvaises herbes. On lui reproche d'entraver la libre circulation de l'eau, de bloquer les drains agricoles et d'infester les champs de cultures pérennes (aspergeraies, fraisières, framboisières, etc.). Elle constituerait de plus un important risque d'incendie et nuirait à la visibilité des automobilistes.

Aux États-Unis, elle est considérée plante écologique. On la naturalise aux bords des fossés, des côtes et des rivières, où elle sert d'écran, de brise-vent ainsi que de refuge à quantité d'espèces animales dont plusieurs oiseaux migrateurs. Elle est particulièrement prisée en zone littorale comme agent de stabilisation du sol (érosion), et d'élimination des polluants. La phragmite assimile les métaux lourds et autres substances toxiques. Elle tolère le sel. On la considère performante, esthétique, et économique (aucun entretien). Son intégration est planifiée avec soin. On s'assure qu'elle ne puisse éventuellement dominer le paysage.

On la considère généralement trop envahissante pour être admise en petit jardin mais elle convient aux plus grands. On l'utilise fréquemment comme un arbuste ou du bambou (haie et écran sonore). Son nom générique Phragmites, très ancien, signifie d'ailleurs "servant à clore", une allusion à l'usage de ses tiges pour la fabrication de palissades. Certains auteurs recommandent toutefois de ne s'en servir comme haie qu'à la condition de la ceinturer de deux rangées de béton (minimum 45 cm. de profond par 5 cm. de large) pour la contenir. On peut aussi la confiner entre des madriers, des blocs de béton ou à l'intérieur de demi-bidons de métal.

Elle est particulièrement appropriée au jardin d'eau, submergée au coeur de l'étang ou au bord de celui-ci. Il est alors possible de la traiter comme un Nymphaea, en la lestant au fond de l'étang, ses racines encagées dans un contenant solide. Elle sera alors inoffensive, à la seule merci des amateurs d'arrangements floraux.

PHYSOSTEGIA VIRGINIANA Benth.
- Physostégie -

Recensée par Georges Bentham (1), la physostegia virginiana est originaire de l'Est de l'Amérique du Nord (Québec, Minnesota jusqu'en Caroline du Nord, Tennessee et Missouri), où elle habite les bords de rivières, les fourrés humides et les prés détrempés.

C'est une plante herbacée, vivace et dressée (att. 1 m.) dont la tige carrée est particulièrement distinctive. Elle comporte une abondance de feuilles opposées vert foncé lustrées, profondément dentées et lancéolées (12,5 cm.), qui ont la caractéristique de former une croix lorsque regardées du dessus.

Alignées en épi à quatre rangs (20 cm.), ses fleurs (2.5 cm.) présentent elles aussi un aspect symétrique. Abondantes et délicates, elles sont de couleur rose, blanche ou pourpre pâle (flor. juin - sept.). Ce sont leurs petites lèvres - rappelant celles des gueules-de- loup - qui lui ont valu son nom commun de "False Dragonhead". L'appellation latine de la physostégie signifie "vessie qui enveloppe", une allusion à son calice un peu gonflé.

Ce sont toutefois ses propriétés cataleptiques qui sont à l'origine de son nom le plus usité: "obedient plant" ou "plante obéissante". Le jardinier désoeuvré ou la vélocité du vent peuvent en effet, par leur friction sur ses pédicelles malléables, faire dévier les fleurs de leur position et garder ensuite la position acquise. Cette déviation peut atteindre 180 degrés et toutes les fleurs peuvent, par temps violent, se trouver simultanément tournées du même coté de la tige.

Proche parente de la menthe, la physostégie est une plante à stolons blancs et charnus, qui forme spontanément touffes et massifs (1 pl.: 60 à 120 cm.). Il est préférable, si on souhaite la voir cohabiter avec d'autres espèces, de prendre certaines précautions pour éviter son étalement.

(1) Botaniste anglais, chargé en 1857 par le gouvernement britannique de rédiger une série d'ouvrages sur la flore des colonies britanniques.

Elle est une charmante candidate pour le jardin naturel (informel), de sous-bois, de fleurs sauvages. Elle est splendide lorsque naturalisée le long des berges d'étang, de ruisseau ou de rivière. Elle décore également très bien le bord des bassins. En plate-bande, on la trouve fréquemment associée aux asters, verges d'or (Solidago), phlox paniculé (Phlox paniculata), boltonia (Boltonia asteroides), ainsi qu'aux graminées. C'est une excellente fleur coupée (2). Il est à noter que les physostégies blanches offrent un spectacle particulièrement saisissant.

Cultivars

Il existe plus d'une dizaine de Physostegia en Amérique du Nord mais une seule, la virginiana, est couramment cultivée. Voici une liste de ses princi- paux cultivars:

'Alba': Fleurs blanches sur épis de 45 à 60 cm.. Généralement la première à fleurir à l'été.
'Bouquet Rose': Fleurs rosées sur épis de 8 à 10 cm.. Flor. d'août à septembre.
'Summer Glow': Fleurs de vermeilles à pourpres sur épis de 8 cm.. 'Summer Snow': Fleurs d'un blanc pur sur épis de 6.5 à 8 cm.. Tiges assez courtes (50 à 60 cm.). Variété moins envahissante mais nécessistant toutefois de fréquentes divisions.

'Variegata': Feuilles panachées d'un vert tirant sur le gris (bordures d'un blanc crémeux). Fleurs rose lilas.
'Vivid': Fleurs d'un rose vibrant jusque tard en automne. Tiges raides (att. 50 cm.). Plante plus compacte mais envahissante tout de même.

Également disponibles: les cultivars 'Grandiflora' et 'Nana'.

Conseils de culture

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Exigences: Plein soleil, ombre légère et passagère. Tout type de sol, préférablement
humide mais bien drainé.
Précautions: Éviter le dessèchement du sol (paillis) - lorsque les racines manquent
d'eau la plante dépérit rapidement.
Division: Nécesssaire en plate-bande, à tous les 2 à 4 printemps.______________
Rusticité: Moins 25 degrés celcius._________ ____________________________

(2) On recommande de cueillir les tiges quand la première fleur du bas de l'épi est ouverte.
POTENTILLA FRUTICOSA L.
- Potentille frutescente -

Typiquement nordique, cette plante de la famille des rosacées orne les toundras et les rivages calcaires des régions boréales. Le frère Marie-Victorin écrivait en 1964 à son sujet:"Elle pourrait être cultivée comme plante décorative dans nos villages du nord, comme on le fait d'ailleurs en Scandinavie" (1). Aujourd'hui, trente ans plus tard, elle est devenue l'une des plantes les plus populaires de la région laurentienne.

Seule du genre (2) à être arbustive, la Potentilla fruticosa est petite (30 - l50 cm.), dense et globuleuse. Ses bran- ches, ascendantes ou arquées, se décortiquent en fines lamelles brunes. Ses ramilles lisses et lustrées sont d'un brun pâle à orangé. Elle comporte de délicates feuilles alternes pennées ( 3 à 7 folioles) et soyeuses. La couleur de son feuillage change suivant les saisons: gris argenté au printemps, gris vert à l'été, gris vert à brun jaunâtre en automne. Ses fleurs types (diam. 15 - 30 mm.) sont d'un beau jaune d'or dit "butter-cup like" en anglais (flor. juin - septembre). Ses fruits sont en forme de petites capsules laineuses couleur bronze. Ils apparaissent en juillet et persistent jusqu'en avril.

Cultivars

Facile de culture, cette vivace offre une floraison marathon (printemps-automne) ainsi que d'innombrables cultivars de teintes et de styles très différents. En voici quelques uns:

'Abbotswood': Floraison blanche charmante et délicate: " (...) a thousand snowflakes resting on a mound of green" (3). Feuillage bleu vert.
'Floppy Disc': Cultivar à peine sorti de l'incubateur. Fleurs d'un rose intense et persistant - contrairement aux autres cultivars roses, il ne tourne pas à l'ivoire en cours de saison.

(1) Marie-Victorin, La flore laurentienne, Montréal, Les presses de l'Université de Montréal, 1964, 915 p..
(2) On compte environ 300 espèces de potentilles, presque toutes de la zone tempérée boréale.

'Goldfinger': Grandes fleurs d'un doré brillant. Floraison abondante et constante. Feuillage vert foncé.Autres cultivars jaunes ou dorés particulièrement intéressants: 'Coronation Triump', 'Gold Drop', 'Goldstar', 'Jackmannii', 'Sutter's Gold' et 'Yellow Gem'.
'Primrosebeauty': Impressionniste.Teintes pastels (fleurs jaune pâle au coeur jaune foncé). Feuillage d'un vert argenté.
'Red Ace': Magnifique potentille basse et rampante, d'un vermillon orangé. On lui reproche de porter un nom qui prête à confusion. Sa belle couleur rouge orangé tolère en effet mal la chaleur et la lumière de l'été. Elle devient alors jaune orangé pour retrouver son vermillon orangé à l'automne, où elle est la plus belle. Mi-ombre conseillée.'Vilmoriniana': Fleurs couleur crème, feuillage argenté.

On les utilise comme haie fleurie, pour la naturalisation des pentes douces, en plante-bande de vivaces ou en jardin d'arbustes. Les espèces basses ou rampantes habillent tout aussi bien le haut des murets que les rocailles. Aux États-Unis, on les utilise en bordures d'autoroutes.

Son nom générique signifie "la plante puissante", une allusion à certaines propriétés médicinales de la potentille.


(3) Osborne, R. et Powning, B., Hardy Trees and Shrubs, Toronto, Key Porter books limited, 1996, 113 p..

P. communis, inflorescence et chaume.

P. australis

P. fruticosa var. dahurica

Potentilla 'Red Ace'

Potentilla 'Vilmoriniana'

P. virginiana
'Summer Snow'

P. virginiana
'Vivid'

P. virginiana 'Bouquet Rose' P. virginiana 'Variegata'