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Penser et faire ce nouveau paysage

Environnement

Prix, coût, valeur ?

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Montérégie

Prix, coût ?

Du coup on est pris

En lisant cet article - Le Brésil frappé par la pire catastrophe écologique de son histoire : la phrase suivante: «(…) Sur le plan écologique, le calcul, lui, ne sera peut-être jamais fait, car « comment estimer le coût de la disparition d’une espèce ? » souligne Alessandra Magrini, une des spécialistes qui va être chargées d’établir l’addition finale.», a certainement retenu votre attention.
Vous avez peut-être vu le même gros point d'interrogation et d'absence d'élément de réponse à la question Quand mettrons-nous un prix sur l'impact environnemental ? Quel est le coût d'un accident par type d'énergie ? ou d'autres questions similaires sur le prix et le coût de l'environnement.

Arrêter de niaiser

Ne pas tout confondre

Le premier niaisage insupportable, c'est la confusion entre l'économie et l'environnement. Le deuxième niaisage c'est la confusion entre le prix et le coût. Le troisième niaisage c'est sur la confusion des valeurs. Le pire c'est qu'avec tout ce niaisage on en est encore à se poser ces questions.

Mettre un prix en $ à la nature, c'est considérer que l'un peut être remplacé par l'autre. C'est croire que quand on a perdu l'un, on peut le retrouver en donnant l'autre à la place. C'est vrai tant que la nature nous fournit en abondance tout ce que l'on veut pouvoir échanger. Donc c'est faux pour la plupart du monde. L'économie et la nature ce sont deux choses différentes. Même dans une assiette, l'argent, ça ne se mange pas. Quand il n'y a plus de nourriture, on meurt de faim, même avec des $ dans son assiette.

La nature a un coût qui n'a rien à voir avec son prix. Protéger une réserve coûte le paiement de ses gardiens. Son prix est nul, car on ne veut pas la vendre. Le coût et le prix sont deux notions économiques qui n'ont pas de rapport avec la nature.

La valeur économique n'a rien à voir avec la valeur de la nature ou des êtres humains. La valeur économique c'est la différence entre le prix et le coût. La valeur de la nature c'est ce qui est important pour qu'elle existe et puisse nous supporter.

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Alors on fait quoi ? ... 3 comptes

3 comptes : Économie, environnement et social ... pour ne pas tout mélanger

Il faut trois comptes séparés: économie, environnement et social. Cette séparation obligatoire est la conséquence de la règle d’équivalence des capitaux du compte économie et de la différence entre la valeur de dignité et de la valeur d’échange. Je donne la cause, mais ce n’est pas important. La seule chose à retenir c’est qu’il faut trois comptes.
On fait trois comptes avec la même rigueur et le même principe éprouvé depuis des siècles. Quantité X valeur = montant. Les trois montants économique, environnemental et social sont différents pour la même action, car ils répondent à des besoins différents. Montant à échanger pour l'économie. Montant à renouveler perpétuellement pour la nature et montant à valoriser pour le social.

3 comptes

Dans le compte économie

C'est le compte de l'argent

Dans le compte économie, on note les dollars que l’on peut obtenir quand on vend la nature (revenu) ou les $ que l’on doit dépenser pour la réparer. Ce sont les seules opérations autorisées dans la comptabilité économique. Estimer la valeur d’une nature qu’on ne veut pas ou qu’on ne peut pas vendre, c’est une arnaque économique similaire à une fausse facture ou à du blanchiment d’argent.

Il y a plein de gens qui font ça ! oui, mais je ne veux pas cautionner et j'espère que vous non plus. On peut le faire pour faire de la prévention « combien ça vous coûterait si vous aviez à le remplacer ? » Il ne s'agit pas de l'acheter en temps normal, mais de le remplacer quand on l'a perdu. En le demandant quand on l'a encore, on se fait une peur économique pour éviter la catastrophe écologique. Si on ne se pose pas la question pas avant, après c'est trop tard.
La gestion responsable serait de prendre une assurance. En pratique le coût de cette assurance est démesuré par rapport au gain probable du projet. Donc cela pose un problème de rentabilité. Problème qui se transforme en chantage à la richesse et à l'emploi et en fin de compte une garantie insuffisante.
Quand la catastrophe est faite, si on a inscrit cette valeur comme une richesse économique, on doit rayer la ligne comptable correspondante et annoncer la perte (radiation d’actif). C'est un peu hypocrite non ? On a inscrit une richesse économique que l'on a ni payée ni vendue, qui correspond à de la nature que l'on a détruit et que l'on fait disparaître des livres comptables.
Vous ne voulez pas faire sauter votre comptable au plafond en lui disant que cet actif est une dette potentielle pour laquelle il faut prévoir une dépense d'amortissement ni faire péter un câble au propriétaire en lui demandant de payer pour un capital que ses concurrents vont noter comme un revenu et lui comme une dépense.

La catastrophe s'est tout de même produite ... Toute la nature n'est pas encore détruite. Il reste encore quelques spécimens des espèces rares. ... Dans le compte économie, on peut calculer la matière, l’outillage et la main-d’oeuvre nécessaire pour rétablir les populations animales et végétales telles qu’elles étaient avant impact. En général, on ne le fait que pour l'espèce protégée et dûment répertoriée. Le chiffre obtenu est astronomique et là on a un problème de solvabilité économique du responsable. On négocie alors un prix qui ne met pas le responsable en faillite pour récupérer une partie de l’argent nécessaire à la réparation. La différence entre les deux est l’externalisation du coût. Si on veut internaliser le coût, il faut mettre un prix sur ce qui n'est pas vendable sans une contrainte légale (taxe, impôt). On transforme cette dépense obligatoire en incitatif économique en le nommant crédit échangeable.

Parfois c'est trop tard. ... Si on fait disparaître une espèce, on ne peut pas payer quelqu’un pour la faire réapparaître. Donc ça vaut 0$. On peut calculer l’externalisation sur la rente économique de cette espèce. Si cette espèce n’est pas garante d’un écosystème qui rend des services ou n’est pas vendable, sa rente est nulle soit un gros 0$. S’il y a un service on multiplie sa valeur annuelle par la durée à compenser. On a le même problème de solvabilité économique que précédemment.
On peut essayer de négocier une compensation à hauteur de la perte de crédibilité du responsable. C’est du blanchiment de responsabilité et cela ne fait pas revivre les espèces disparues, mais ça soulage un peu l’externalisation des coûts environnementaux et sociaux. Il n’y a pas de règle. On peut aller jusqu’à la limite de faillite, mais il ne faut pas la dépasser sinon on perd tout.

Avec seulement le compte économie, on peut seulement réduire les pertes environnementales ou sociales. On ne peut pas faire des gains sans inventer de l'argent, ce qui est formellement interdit, ou sans appauvrir d'autres personnes, ce qui est immoral. Le compte économie doit donc être complété par un compte d'économie locale durable garantissant le développement durable, mais c'est un autre sujet.

 

Compter la compensation de l'environnement

3 comptes

Dans le compte environnement

C'est le compte de la nature

Dans le compte environnement, le calcul est simple.
Quand on a un impact environnemental, on prend la surface d’environnement détruite et on met sa valeur d’écosystème à zéro. La différence de valeur entre ce zéro et le montant précédent donne la perte à compenser. On demande réparation pour une valeur équivalente. Attention au calcul de compensation et au risque d’arnaque. C’est le montant d’environnement (quantité x valeur = montant) que l’on remplace par un montant équivalent (plus 10% pour faire un gain) voir https://youtu.be/wPiX73vik7c

Quand c'est une espèce ou un minéral, on remplace des quantités. La valeur est constante, on peut donc ne pas l'évaluer. On remplace des grenouilles perdues par des grenouilles retrouvées, des tonnes de carbone en trop par des tonnes de carbone en moins, etc.
La plupart du temps, l'impact n'est pas seulement sur un aspect. C'est tout le milieu de vie qui est atteint. Il faut donc utiliser la valeur générale de l'écosystème dans le calcul. Alors, autant s'y habituer. Ça tombe bien, on fait ça tout le temps pour le compte économie ... multiplier des quantités par des valeurs pour obtenir des montants. Il faut simplement ne pas tout mélanger. La valeur environnementale n'est pas la valeur économique et les deux ne sont pas échangeables contrairement à ce que peut laisser croire l'économie. Par chance, la quantité est souvent la même, on peut donc faire le budget sur la même ligne du chiffrier avec la colonne de valeur environnementale et celle de montant environnemental. On a deux comptes distincts avec des valeurs et des montants distincts.

Stop ! arrêtez de penser si fort une absurdité. La valeur environnementale ne se mesure pas. Elle se négocie. Comme la valeur économique ou la valeur sociale. On mesure des quantités, on négocie des valeurs. Les comptes environnementaux et sociaux ne sont pas moins ou plus rigoureux que les comptes économiques. Ils utilisent la même méthode.

Pour une espèce disparue ou un écosystème disparu, il n’y a pas de remplacement possible, c’est pour cela qu’il faut faire des réserves protégées. Il faut négocier la protection de ces sanctuaires, leur protection, leur surveillance, etc. sur une durée indéterminée, mais qui peut s’arrêter lorsque le risque de disparition ou d’extinction disparaît. Ces deux éléments peuvent avoir une correspondance dans le compte économie, coût de remplacement, coût de préservation indispensable, mais pour cela il faut les règles légales pour l’encadrer ou la pression publique pour le négocier. Une catastrophe est en général un bon moment pour avoir de la pression pour négocier.

En dehors des périodes critiques, pour qu'il n'y ait pas de confusion des deux comptes environnement et économie, il faut cesser de vendre la nature. Il faut désormais vendre le travail nécessaire pour la reconstituer lorsqu'on l'utilise.

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3 comptes

Dans le compte social

C'est le compte de notre qualité de vie

Dans le compte social, on fait le calcul en montant social (ni environnemental, ni économique) pour compenser l’impact social.

On mesure des heures et on donne une valeur à la qualité de vie. (quantité x valeur = montant).

La valeur sociale n'est pas la valeur économique et les deux ne sont pas échangeables contrairement à ce que peut laisser croire l'économie. Par chance, la quantité du compte économique peut souvent être établie en heures, on peut donc faire le budget sur la même ligne du chiffrier avec la colonne d'heures pour les quantités, la colonne de valeur sociale et celle du montant social. On a nos trois comptes économie, environnement et social, avec des valeurs et des montants distincts.

Pour prévenir ou corriger un impact social, on peut procéder comme on l’a décrit pour l'environnement. Mais on compense le social par du social. Il y a une correspondance dans le compte économie pour le coût de protection, de soin, de nourriture, de logement, d’accompagnement, etc. sur la durée de survie des gens à l’événement. Cela peut dépasser une génération par le devoir de mémoire. Les comptes restent séparés. L'utilisation de la même ligne dans le chiffrier permet de ne pas oublier ce qui se passe dans les trois comptes.

 

Quelques références

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